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II. LA DEMARCHE LAMAP ET LE DEVELOPPEMENT DES COMPETENCES

 

1. Les origines de la démarche "La main à la pâte"

C'est en 1989, à Chicago aux États-Unis que naît le programme "Hands On". L'école publique de Chicago y avait la réputation d'être au niveau le plus bas que l'on pouvait rencontrer. Après de nombreuses grèves des instituteurs, on demanda à Léon Léderman (prix Nobel de physique) de s'impliquer pour une réforme radicale de l'enseignement public. " Sa stratégie consistait de partir d'un enseignement scientifique, faisant un large appel à l'expérimentation, introduit dès l'école élémentaire". (Georges Charpak, p.14 "Enfants chercheurs et citoyens" 1998)
Georges Charpak lui aussi prix Nobel de physique, a été entraîné par son ami Léon Léderman en 1992 dans cette aventure : "Utiliser l'immense et insatiable curiosité naturelle des enfants pour les conduire..., par une démarche active, à communiquer oralement entre eux, à lire et à écrire, en assimilant l'art de raisonner" (Georges Charpak, p.12 "Enfants chercheurs et citoyens" 1998)
Les débuts de l'expérimentation française débutent en 1996 après un séminaire de réflexion sur l'enseignement des sciences organisé au Futuroscope de Poitiers à l'intention de IEN. (Source INRP, Isabelle Catala et Daniel Jasmin, novembre 1995)
Le programme "Hands On" américain est rebaptisé "La main à la pâte" en France.

2. Le fonctionnement de la démarche "La main à la pâte"

a. L'INRP a publié les 10 principes "La main à la pâte" en septembre 1998 (cf. annexe)

Je citerai quatre principes importants pour mon mémoire :
principe 1 : Les enfants observent un objet ou un phénomène réel, proche et sensible et expérimentent sur lui.
principe 2 : Au cours de leurs investigations, les enfants argumentent et raisonnent, mettent en commun et discutent leurs idées et leurs résultats, construisent leurs connaissances, une activité purement manuelle ne suffisant pas.
principe 5 : Les enfants tiennent chacun un cahier d'expérience avec leurs mots et leurs dessins à eux.
principe 6 : L'objectif majeur est une appropriation progressive, par les élèves, de concepts scientifiques et de techniques opératoires, accompagnée d'une consolidation de l'expression écrite et orale.

Les mots clés dans l'esprit de mon mémoire seraient alors : argumentent, raisonnent, construisent leurs connaissances, appropriation progressive de techniques opératoires, consolidation de l'expression écrite et orale.

b. Dans le document "La main à la pâte, qu'est-ce que c'est" ? (site INRP, Lamap)  Sophie Ernst développe trois thèmes principaux :

- des sciences pour tous accessibles à tous
- expérimenter, enquêter
- langage et citoyenneté

Dans le premier thème, elle insiste sur le fait que les connaissances lire, écrire, compter ne s'acquièrent peut-être pas indépendamment de tout apprentissage culturel (ici les sciences qui sont une entrée disciplinaire mais un projet universaliste : la science est la même pour tous.)
Lamap est une pédagogie active où les apprentissages se font par l'action, la discussion et la formalisation. Dans ses investigations, l'enfant construit une connaissance lui même. Il prend l'habitude de poser des questions et d'essayer d'y répondre.
L'enseignement scientifique différencie la pédagogie car les enfants de milieux populaires peuvent tisser du sens entre les savoirs scolaires et les expériences familiales. Lamap mobilise des expériences ordinaires, des observations et des savoirs faire largement partagés par les familles les plus modestes. Exemple : la différence eau liquide, eau sous forme de gaz et la répercussion dans la vie courante (arrosage, dessiccation).

Dans le deuxième thème, expérimenter et enquêter, elle nous explique que l'enfant s'étonne, fait et refait, anticipe, fait varier, voit ce que ça donne. Il construit avec le langage quelque chose qui ne se voit pas et la manipulation lui permet de penser. L'enfant doit apprendre le temps long du détour, il tâtonne et en même temps tire partie de l'erreur. Chaque enfant émet une hypothèse pour expliquer un phénomène. C'est l'expérience qui va trancher, ce n'est pas le maître qui apportera la réponse. Enfin, elle insiste sur le développement de la langue écrite et orale (que je développerai dans "lire et écrire avec les sciences")

Dans le troisième thème : langage et citoyenneté nous pouvons lire qu'un certain usage du langage est peu exercé à l'école primaire : c'est l'argumentation et cette compétence valorise pourtant ceux qui la détiennent.

 

c. Lire et écrire avec les sciences (LA MAIN A LA PATE, les sciences à l'école primaire, p149 à 153)

Lire avec les sciences
Lorsqu'un enfant comprend difficilement un texte, la tentation est grande d'intensifier les techniques de la lecture et d'abandonner alors l'enseignement des sciences ou l'histoire, les arts etc. C'est bien souvent cet enfant là qui ne bénéficie pas de ces différents apports dans son milieu familial. On prend le risque de priver ces enfants d'une bonne culture générale sans pour autant être sur d'améliorer leurs compétences en lecture.
En s'appuyant sur les sciences qui sont les mêmes pour tous (une entrée universaliste), on permet à l'écolier de multiplier des expériences qu'il vit, sur lesquelles il agit, dont il constate les effets, qu'il décrit et qu'il commente. Les savoirs ainsi organisés par une succession ordonnée de démarches, constituent une trame qui pourra être utilisée ultérieurement et notamment lors d'une lecture.

Écrire avec les sciences
L'enseignement scientifique met en contact l'élève avec quelques types de textes bien spécifiques : l'enfant consigne les données de ses observations, il les ordonne, il les transforme pour les interprêter. Il rédige des comptes rendus d'expérience, pour communiquer des résultats. Ces écrits impliquent une bonne articulation entre texte, images, graphiques et tableaux.
En donnant du sens à l'écrit, l'élève donne du sens à son apprentissageI Les connaissances (lecture, écriture, relation phonie-graphie) lui sont nécessaires. Il devient demandeur, "acteur de ses apprentissages".

 

3. Les connaissances, les compétences et les compétences transversales (d'après le livre "construire des compétences dès l'école" Philippe Perrenoud ESF éditeur)

Il faut bien différencier ces trois concepts tout en sachant qu'ils ne peuvent être indépendants les uns des autres.

a. Les connaissances
Les connaissances correspondent aux matières bien cloisonnées décrites dans les programmes : connaissances en français (lecture, écriture, grammaire, orthographe, conjugaison), en mathématiques (calcul, opérations, géométrie, problèmes), en histoire, en géographie etc.
L'école selon Philippe Perrenoud "fonctionne en circuit fermé et prépare aux examens sans se soucier de l'usage des savoirs dans la vie" (p.101). les connaissances sont indispensables mais on fait trop souvent progresser les élèves de degré en degré alors que les bases fondamentales n'ont pas été maîtrisées. Devant cette situation, les cycles sont un progrès, car ils permettent de respecter le rythme de l'enfant et de pratiquer une pédagogie différenciée. La pédagogie différenciée s'ajoute aux savoirs, elle rejoint la notion de compétence.

b. La notion de compétence présuppose l'existence de ressources mobilisables. Elle accroît la valeur d'usage des ressources mobilisées. 

Une compétence permet de :
- mobiliser et retrouver des connaissances pertinentes,
-orchestrer un ensemble de "trames" adaptables. 

Une compétence doit être construite:
Pour cela, l'élève doit s'exercer grâce à des situations d'emblée complexes. "Apprendre, en le faisant, à faire ce qu'on ne sait pas faire" (Philippe Meirieu 1996 dans Philippe Perrenoud p.72). Le professeur devient un entrîneur et fait travailler régulièrement ses élèves par situation problème. L'important, c'est l'obstacle : "la conviction erronée, fortement structurée qui a un statut de vérité dans l'esprit de l'élève et qui bloque l'apprentissage" (Etienne et Lerouge 1997 dans Philippe Perrenoud p.77)

Le rôle de l'enseignant :
L'enseignant doit se mettre à la place de l'élève pour comprendre ce qui bloque et donc l'aider à identifier ce qui fait obstacle, fournir des indices, mettre en place un étayage (soutien, accompagnement) qui évite le sentiment d'impuissance et de découragement, prendre en charge quelques opérations délicates qui demandent une énergie telle que l'activité se perdrait (donc encourager et guider le tâtonnement expérimental). L'enseignant doit aussi accepter les erreurs comme source essentielle de régulation et de progrès.

Le rôle de l'élève :
L'élève est invité à faire part de ses doutes, à expliciter ses raisonnements, à prendre conscience de ses façons de comprendre, de mémoriser, de communiquer. L'élève, à force d'entraînement, pourra ainsi décider dans l'urgence et dans l'action, identifier et résoudre des problèmes, préparer et prendre des décisions.

c. Les compétences transversales :
Dans les programmes pour l'école primaire, les compétences transversales précisent les attitudes de l'enfant (construction de la personnalité, acquisition de l'autonomie, apprentissage de la vie sociale, le désir de connaître et l'envie d'apprendre), la construction des concepts fondamentaux d'espace et de temps (mémoire, méthodes de travail, traitement de l'information). Dans la revue information pédagogique (p.4) "Les compétences transversales : une incitation à faire apprendre à apprendre" les auteurs Langouche A.S., Petit V., Philippe M.C. et Romainville M. définissent ainsi une compétence transversale : "Par compétence transversale cognitive, on entend un ensemble organisé de savoirs cognitifs et métacognitifs (savoirs, savoir-faire, savoir-être) qui permet à l'élève, à l'intérieur d'une famille de situations, de s'adapter, de résoudre des problèmes et de réaliser des projets."

 

Ils adoptent également une classification des compétences transversales (p.5) :

COMPÉTENCES TRANSVERSALES

 

DÉVELOPPEMENT SOCIO-AFFECTIF

DÉVELOPPEMENT COGNITIF

- respecter l'autre - coopérer Gestion de l'apprentissage Traitement de l'information
 

- gestion du temps
- gestion de l'espace
- gestion du matériel

 métacognition  = prise de conscience de sa manière d'apprendre

- capter
- traiter
- utiliser l'information
Les compétences transversales relèvent donc du domaine des manières d'apprendre plutôt que des matières à apprendre.

 

4. Relations entre la notion de compétence et la démarche la main à la pâte

La démarche Lamap se propose de faire acquérir aux élèves, outre des connaissances scientifiques de base pour distinguer le monde réel du monde virtuel qui tend à se généraliser, des compétences transversales (cf. programmes cycle 2) :

- écouter les autres et le maître,
- prendre la parole à bon escient,
- émettre des suppositions
- faire des choix et les expliquer
- contrôler ses réponses par rapport au projet et aux données initiales,
- se situer dans le passé et le futur proche, et progressivement, par rapport à un passé et à un futur lointain,
- mémoriser des mots d'usage courant,
- mener un travail à son terme,
- appliquer les consignes de disposition d'un travail écrit (soin, présentation, mise en page, illustrations...),
- restituer et réorganiser des informations réunies (décrire une manipulation à l'oral ou par écrit)

 

Pour travailler autant les connaissances que les compétences, il faut atténuer les découpages disciplinaires, décloisonner et mettre en relation les disciplines. (écrire une lettre aux parents pour demander du matériel, réaliser une affiche pour présenter le travail aux camarades de la classe sont du domaine de l'expression écrite mais s'articulent avec le travail réalisé en sciences)

En ce qui concerne la relation entre la classe d'adaptation et les deux classes de CP
je proposerai le schéma suivant :

 

 

 

L'écrit et la lecture sont travaillés par l'enseignante de la classe de CP

Ces connaissances sont utiles pour
- annoter les schémas,
- pour transcrire ses pensées dans le cahier d'expérience

Donne du sens aux apprentissages

Le travail en classe d'adaptation consiste à résoudre des problèmes et à formuler des hypothèses.

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